Ce que nos grands-parents des années 30 ont à nous apprendre
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Je suis issue d’une grande fratrie, une famille nombreuse comme on en voyait souvent autrefois. Quatrième d’une fratrie de huit, j’ai grandi avec un mot d’ordre silencieux mais évident : ne rien gaspiller.
Petite fille des années 70, adolescente dans les années 80, j’ai vu — presque sans m’en rendre compte — basculer le monde autour de moi. Enfant, on portait les vêtements des aînés, on échangeait, on rafistolait. J’avais mes habits fétiches, ceux que je gardais longtemps, parce qu’ils faisaient partie de moi. Je ne me souviens pas d’avoir jeté un vêtement pour une simple tâche ou un accroc.
Entre 20 et 30 ans, j’ai aimé faire les magasins. La mode était une fête, mais je restais mesurée. Pourtant, les choses changeaient. Le consommable faisait son entrée — notamment avec ces grandes enseignes comme Tati, qui proposaient tout, tout de suite, à prix cassés. C’était pratique, mais c’était un tournant.
Mes parents, nés dans les années 30, sont encore de ce monde. Ils s’adaptent. Mais je me souviens de leurs histoires : des vêtements cousus main, dans de beaux tissus solides, souvent achetés sur les marchés. Ils avaient peu, mais ce peu avait de la valeur. Le vêtement n’était pas un produit. C’était un soin, un usage, une mémoire.
1. Une époque sans gaspillage, sans surconsommation
Je n’ai pas grandi avec l’idée qu’un vêtement se jette. Il se portait, se transmettait, se reprenait. Chez nous, les habits passaient d’un enfant à l’autre, sans honte, avec naturel. Et souvent, ces vêtements avaient une histoire. On savait qui l’avait porté avant, à quelle occasion, parfois même à quel âge.
Nos grands-parents ont grandi avec l’idée qu’on devait faire durer. Que ce qui est solide mérite d’être soigné, gardé, transmis. Mon père et ma mère me parlaient de chemises cousues maison, de jupes taillées dans de vieux draps, de tricots faits avec patience. Leur garde-robe était simple, mais belle. Parce que pensée. Et aimée.
2. Une enfance libre, sans accumulation
Dans mon enfance, on avait peu, mais on en faisait beaucoup. On jouait dehors. On salissait nos pantalons, on raccommodait les genoux. Un vêtement n’était pas sacralisé : il vivait avec nous. Il portait les traces de notre imagination, de nos bêtises, de nos aventures.
Je me souviens de certaines pièces comme d’amies fidèles. Un gilet bleu ciel, une jupe fleurie. Je les ai portés longtemps. Et même quand j’ai commencé à acheter des vêtements moi-même, j’ai gardé ce lien d’attachement. Jamais d’excès. Jamais d’accumulation.
3. Ces valeurs qu’on retrouve dans la seconde main
Lorsque j’ai créé Lunandine, je n’ai pas cherché à copier un modèle. J’ai voulu revenir à ce que j’avais connu.
La seconde main, ce n’est pas seulement une affaire d’écologie. C’est un acte de transmission. Une façon de dire à nos enfants : tu n’as pas besoin d’avoir plus pour être heureux. Ce vêtement a été aimé. Il peut l’être encore.
C’est retrouver la joie d’un coup de cœur, même si ce n’est pas une nouveauté. C’est apprendre à regarder ce qui est déjà là. C’est éduquer à la patience, au soin, au respect.
4. Lunandine : un retour à l’essentiel
Lunandine, ce n’est pas une boutique de plus. C’est un choix de cœur. Une main tendue vers les familles, pour leur offrir une alternative simple, fiable, joyeuse.
J’y mets mes valeurs, mes souvenirs, mes convictions. J’y choisis des vêtements comme je choisirais pour mes enfants. Pas pour faire joli en vitrine, mais pour accompagner les jours doux, les jeux, les saisons.
Conclusion
Je pense souvent à mes parents, encore là, encore simples. À leur façon de s’habiller sans bruit, mais avec soin.
Et je me dis que l’avenir est peut-être là. Dans la réinvention du bon sens. Offrir à nos enfants une mode plus douce, plus lente, plus sincère.
Comme un clin d’œil à nos grands-parents. Et un bel héritage à transmettre à notre tour.